Ile de France : une alternance, vite
Et puis, il y a l'idée que l'on se fait de la politique et de la vertu supérieure que son exercice exige. Ainsi, un élu corrompu se doit d'être sanctionné par les électeurs quand bien même il aura fait montre d'une gestion saine de sa collectivité (ce qui est rarement le cas, le clientèlisme ne pouvant être considéré comme une variante d'une région saine et durable).
En pratique,et pour prendre un exemple extrême, j'entends que Balkany a fait de sa ville un paradii de prospérité et de sécurité, et qu'il a été réélu par ses concitoyens après un malencontreux épisode judiciaire. J'entends aussi que sa popularité locale est assise sur les services rendus et que sa gestion repose sur une appréciation très personnelle de la loi. Au niveau de la gestion, on soulignera juste que Levallois-Perret est la ville la plus endettée de France par habitant, avec 9000 € (en plus des 33000 € de la dette de l'Etat, qui est un autre problème).
En ce qui concerne les élections régionales du 14 et 21 mars prochain, il s'agit bien d'un référendum sur la reconduite, après 12 ans (!!) d'exercice de Monsieur Huchon aux commandes de la 1ère région de France. Outre qu'une période de 12 ans semble largement suffisante pour être gagné par l'usure du pouvoir, il faut revenir sur la conception, très particulière également, qu'à Monsieur Huchon de la morale publique et de la gestion des impôts de ses électeurs. Tous les citoyens franiciliens ne sont peut être pas au courant mais Huchon a été condamné, pas entendu puis relaxé, non, condamné à six mois de prison avec sursis, par la justice pour prise illégale d'intérêts dans l'exercice de ses fonctions. Il avait accordé des missions inexistentes à l'association de sa femme.
Le président du tribunal a eu ces mots explicites :
«Jean-Paul Huchon a fait prévaloir un intérêt personnel sur l’intérêt général dont il est pourtant le garant en sa qualité d’élu et porté atteinte à l’indispensable devoir d’impartialité que doivent présenter les élus. Un tel comportement participe inévitablement à la dégradation des responsables politiques et nuit à l’indispensable confiance que les citoyens doivent avoir dans leurs représentants».
L'inélgibilité n'ayant pas été retenu par la cour d'appel, un bulletin au nom du triste Monsieur Huchon sera à nouveau disponible dans les bureaux de vote en mars 2010.
En veut-on encore? selon plusieurs sites d'informations informelles, la belle-fille de Huchon aurait bénéficié d'un job de 3 ans au musée de la solidarité de Santiago du Chili en échange d'une généreuse subvention de 400 000 € de la région Ile de France à destination de la rénovation dudit musée. Pas de preuve évidemment, mais pas de fumée sans feu, surtout quand il y a antécédent...
Voilà pour la conception de la vertu en politique. Quant à la saine gestion de la région, on peut laisser aux usager des lignes de RER ou aux demandeurs de logements sociaux si la situation s'est améliorée à hauteur des promesses et du budget de la Région au cours des 12 dernières années. Et ce d'autant que 30% des dépenses vont à des postes ne faisant pas partie du périmètre d'intervention de la Région.
Après les Européennes de juin 2009, l'option écologiste était envisageable, mais d'une part l'alliance avec la liste de Huchon est prévue pour le 2ème tour, d'autre part mademoiselle Duflot souhaite transfomer l'Ile de France en "laboratoire de la conversion écologique". Or il y a à mon sens trop de questions dans la région non résolues pour devenir un laboratoire essayant de répondre à d'autres problèmes.
Par élimination, et si le drôle d'attelage Pécresse-Douillet n'est pas ma tasse de thé, c'est bien la seule voie d'une alternance aujourd'hui indispensable.
PS : le même raisonnement tient naturellement pour la région Languedoc-Roussillon.