Récit d'un tractage pour le Oui au référendum Européen

Publié le par Antonin Prade

Récit d'une expérience de tractage pour le Traité Européen et pour l'UDF  devant le Monoprix  de la rue Saint Antoine (Paris IVème), samedi dernier.

Panorama des forces en présence :

Les communistes, défenseurs du "non" arrivent tôt (avant 11 heures) et partent tôt. Ils prônent un non de gauche et attaquent bille en tête sur je ne sais plus quel article du traité, scandaleusement libéral. C'est sans doute le Traité de Rome qui les a choqués, mais à l'époque, engoncés dans leur glacis soviétique, ils ne l'avaient pas vu passer. A l'époque, les services publics étaient par ailleurs un concept bourgeois destiné à empêcher les masses de déclencher la révolution. Tourné vers un avenir plein de promesses, j'abandonne l'idée d'engager le débat avec ces gars-là, noyés dans leur impasse historique.

Les socialistes, partisans du "oui" arrivent plus tard, et en nombre (à 4 et avec des trétaux). Les filles sont assez sympas, les barbus, plus distants. Ils me chambrent en disant qu'on ne voit pas beaucoup l'UDF sur le terrain. Difficile de les contredire. Je suis un instant tenté d'aller au métro Saint Paul, histoire de mieux ratisser le terrain avec ces alliés objectifs, mais j'apprends qu'ils ont déjà un stand là-bas et décide de rester. En plus de leur tract explicant le traité, ils invitent les passants à un meeting avec Julien Dray le 21 avril. Je leur dis que Dray ne fait pas rêver les foules et qu'ils auraient pu choisir une autre date. Ca ne les fait pas rire.

Les Verts, dont on ne sait pas trop s'ils défendent le oui ou le non, débarquent vers midi pour distribuer une sorte de journal local où il est très peu fait mention du référendum, mais beaucoup de ce que fait Baupin à Paris. Visiblement, ceux-là sont déjà en campagne municipale. 

De militants UMP, censés défendre le "oui" sincère de leur Président de la République, pas trace. Je discute un instant avec un militant UMP du centre, ex-RPR, gaulliste et fan de Séguin. Il est contre le Traité Européen et chambre les socialistes qui sont pour. Il m'explique que, si les cadres de l'UMP sont pour le Traité, la base oscille entre l'indifférence et l'hostilité. Exaspérés, les militants UMP souhaitent surtout nuire à Chirac et à Raffarin. Bref, d'après cette expérience limitée, si le oui passe, ça sera grâce à 55% du PS et à l'UDF (quoique...).

Une impression des passants, mais néanmoins citoyens :

Les passants sont plutôt impavides et peu de discussions s'engagent. Beaucoup refusent le tract mais, de façon moins agressive que pour les élections régionales de 2004, peut-être parce que je défend ici une idée et pas des hommes? Sinon, les partisans du "non" recontrés sont ancrés dans leur choix ; ils refusent de parler, et a fortiori de prendre le tract que je leur tend. Peut-être sont-ils si peu sûrs de leur choix et refusent une discussion qui pourrait les ébranler dans une  conviction hexogène? En tout cas, à part pour un ou deux, leur "non" n'est pas très constructif et ressemble à un coup de gueule un peu rageur, un peu aigri.Plusieurs personnes me disent voter "oui" et m'assurent de leur soutien. En règle générale, j'ai l'impression que la présence sur le terrain de militants du oui, prêts à discuter ouvertement, sans donner de leçons, mais avec leur sourire et leur enthousiasme à offrir, affaiblit l'idée reçue d'experts arrogants et lointains, éloignés des préoccupations du citoyen lambda.

PS : le "spot" ultime de tractage, repéré samedi : l'escalator de la porte Lescaut, aux Halles, qui draine une population, jeune, venant de toute l'Ile de France, et peu politisée. C'est là que se trouvent les réservoirs d'indécis à conquérir... 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Paris

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