Réflexions sur la cocotte-minute des banlieues

Publié le par Antonin Prade

Quelques réflexions en vrac sur la cocotte-minute des banlieues :

- ce n'est visiblement qu'une question de temps, ou d'une bavure, ou d'un accident, avant que ça ne reparte comme l'année dernière. Voir la note des RG sur la situation en Ile de France : toutes les conditions ayant amené aux émeutes de 2005 sont réunies, il ne manque que l'étincelle

- malgré quelques excès dus à une mauvaise formation, malgré un manque certain de psychologie dans certaines situations où il faudrait mieux laisser couler, les policiers qui opèrent dans les banlieues sensibles sont des héros quotidiens, qu'il convient de saluer : pas ou peu de bavures, même quand ils sont directement attaqués et piégés à 30 contre 3. Ce sont des jeunes gens, généralement issus des milieux populaires, qui sont directement confrontés à la misère sociale et à la déliquescence civique

- pourquoi y a-t-il d'avantage d'accrochages et de violences entre jeunes et policiers depuis 2002...2 réponses possibles : soit les policiers sont devenus des cow-boys provocateurs, agressifs et racistes depuis l'arrivée de Sarkozy au Ministère de l'Intérieur, soit les policiers sont revenus sur des territoires où ils n'évoluaient plus et ont dérangé un certain nombre de petits trafics et une impunité extra-républicaine. J'ai plus tendance à croire à la 2ème explication, même si ce n'est pas bien-pensant et que ça va plutôt dans le sens de la politique du ministre de l'Intérieur (bouh!)

- pourquoi un tel sentiment d'impunité, en particulier chez les mineurs? elle est à mon sens due à la démission des parents (qui a vu ou entendu des parents de jeunes émeutiers s'élever contre leur violence?), de la justice (ouh la la! les juges du Tribunal de Bobigny et le CSM vont encore dire qu'on attaque l'indépendance de la Justice), de l'Education Nationale (et attention, pas des profs pris individuellement, qui sont, eux, au front, mais sans soutien aucun quand il s'agit de punir, voire d'exclure). Un petit mot au passage sur le rôle de la presse qui, sous prétexte d'une couverture neutre du phénomène, met sur le même plan les forces de l'ordre et les émeutiers et toute action violente contre les biens et les personnes comme l'expression quasi-légitime d'un mal-être social

- on sous-estime la dimension raciale du problème, et en particulier la place des jeunes Africains de la dernière génération d'arrivants, qui ont le moins de repère et vivent dans une crise de l'autorité parentale et éducative permanente. Et s'il y a problème ethnique, il peut y avoir solution ethnique, c'est -à-dire de la discrimination positive ou des relais communautaires.

- il faut arrêter avec la condamnation du tout-répressif qui serait imposée par Sarkozy, même si c'est politiquement correct : tout d'abord, c'est faux, de grands programmes de rénovation urbaine sont engagés, les mairies continuent à "faire du social" ; ensuite, les émeutiers ont brûlé des gymnases, des crêches, des bus...

Mais rassurons-nous, le problème des banlieues, sous cette forme en tout cas, finira par se tasser, de lui-même d'ici quelques années, par un repli communautaire et un abandon du reste de la France...

Publié dans Politique

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J
Vous commettez plusieurs erreurs de raisonnements logiques que l\\\'on appelle en philosophie syllogisme.Tout d\\\'abord, vous croyez que lors des grandes émeutes, ce sont les traficants et les dealers qui affrontent la police ! Quel intérêt pour eux de voir leur trafic s\\\'interrompre. Au contraire, ce sont les plus jeunes et aussi les plus sensibles au sentiment de l\\\'injustice. Vous parlez de misère... Sauf votre respect, la misère en France, la vraie misère est dans la rue et pas dans des immeubles, même les plus pourris qui soient.Si vous connaissiez "la banlieue", vous sauriez que n\\\'importe quel adolescent s\\\'est déjà fait insulter et provoquer par la police, sans compter l\\\'humiliation systématique des contrôles de police.Lors des émeutes de 2005, deux jeunes sont morts à la    suite d\\\'un contrôle de police et les policiers les ont consciemment laissés s\\\'électrocuter. Je vous laisse imaginer comme vous le pouvez que si ceux-là avaient été des enfants de bourgeois, des têtes auraient sautées au ministère. Il me semble qu\\\'en de telles circonstances n\\\'importe qui dans la même situation ce serait identifié au sort des victimes. Ajouter à cela des propos toujours plus provocateurs d\\\'un ministre qui s\\\'exprime aussi mal que ces adolescents qui ne vont pas à l\\\'école et effectivement c\\\'est le début de la révolte.Par ailleurs vous semblez oublié que vous étiez adolescents un jour ou l\\\'avez-vous refoulé. Des dizaines d\\\'adolescents désoeuvrés dans des territoires délaissés, sans réelle vie sexuelle ni culturelle, cela fait beaucoup de testostérone libérée prête à foncer dans n\\\'importe quelle provocation. L\\\'adolescence des garçons est violente, car la puberté déclenche une poussée d\\\'excitation sexuelle et de puissance dans le corps, qui si elle n\\\'est pas un minimum canalisée est disponible pour la violence. Le problème de la banlieue ce n\\\'est pas tant la misère et l\\\'urbanisme (en partie bien sûr) que l\\\'abandon de plusieurs centaines de milliers de jeunes, dont J. Chirac a dit pourtant qu\\\'"ils étaient tous les fils et filles de la République."Une mère qui abandonne son enfant, provoque chez lui un sentiment de rage et de haine diffuse, un repli sur soi qui mène à la violence.Enfin pour finir vous semblez croire que l\\\'état est revenu en banlieue. Allons, lisez les journaux, et vous serez que lors des émeutes, comme pour le CPE, ce n\\\'est pas le gouvernement qui a gagné, mais les adolescents. Après les émeutes , le gouvernement s\\\'est empressé de redistribuer l\\\'argent du social et du culturel qui avait été gelé en 2002.Et je vous signale qu\\\'avant 2002, il existait une police de proximité qui était au milieu des cités et la délinquence baissait parce que ces jeunes tout ce qu\\\'ils demandent, c\\\'est de la reconnaissance. Alors, faire du foot ou de la boxe avec les policiers volontaires et ben ils aimaient bien ça les adolescents de la banlieue.Ah, j\\\'oubliais : vous semblez croire que M. N. Sarkozy s\\\'est attaqué au trafic. Lisez les chiffres, vous verrez que personne n\\\'ose y toucher au trafic, aux vrais criminels, ceux qui n\\\'habitent pas forcément dans la cité, ceux qui exploitent et droguent les adolescents. Ils ont trop peur que là ça explose avec des armes.Ma conclusion est que vous êtes victimes de scoops médiatiques qui ne sont des scoops que pour ceux dont la seule source d\\\'information est la télévision.
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J
jhjhjhjh
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N
Merci de tes éclaircissements sur l'épilogue.<br /> Je partage ton analyse, en insistant tout particulièrement sur la démission parentale. <br /> Je soumets à votre sagacité la rediffusion sur le net d'une émission récente de Chabot sur le sujet (http://programmes.france2.fr/a-vous-de-juger/24835544-fr.php) , qui a eu pour intérêt de voir tout le monde se mettre d\\\'accord (de Copé à Rebsamen en passant par Tapie ou Gallo) sur quelques points clés (extension des zones franches urbaines, démolission des barres et plan d'habitation à taille humaine, ...) <br /> Pour l'anecdote, celui qui aura aussi mis tout le monde d'accord, c'est le très défoncé (ce soir là en tous cas) Mathieu Kassovitz, hilarant dans son rôle d'anarchiste de comptoir. (cf. autour de la minute 1:50 de la vidéo). C\'est clair qu'avec ce type d'intervention, on se dirige pas si lentement que ça vers la solution n°2 que tu évoques plus haut!
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J
Je ne comprends pas le sens de ta dernière phrase. Pourrais-tu développer davantage ? Merci.
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