Réflexions sur la cocotte-minute des banlieues
Quelques réflexions en vrac sur la cocotte-minute des banlieues :
- ce n'est visiblement qu'une question de temps, ou d'une bavure, ou d'un accident, avant que ça ne reparte comme l'année dernière. Voir la note des RG sur la situation en Ile de France : toutes les conditions ayant amené aux émeutes de 2005 sont réunies, il ne manque que l'étincelle
- malgré quelques excès dus à une mauvaise formation, malgré un manque certain de psychologie dans certaines situations où il faudrait mieux laisser couler, les policiers qui opèrent dans les banlieues sensibles sont des héros quotidiens, qu'il convient de saluer : pas ou peu de bavures, même quand ils sont directement attaqués et piégés à 30 contre 3. Ce sont des jeunes gens, généralement issus des milieux populaires, qui sont directement confrontés à la misère sociale et à la déliquescence civique
- pourquoi y a-t-il d'avantage d'accrochages et de violences entre jeunes et policiers depuis 2002...2 réponses possibles : soit les policiers sont devenus des cow-boys provocateurs, agressifs et racistes depuis l'arrivée de Sarkozy au Ministère de l'Intérieur, soit les policiers sont revenus sur des territoires où ils n'évoluaient plus et ont dérangé un certain nombre de petits trafics et une impunité extra-républicaine. J'ai plus tendance à croire à la 2ème explication, même si ce n'est pas bien-pensant et que ça va plutôt dans le sens de la politique du ministre de l'Intérieur (bouh!)
- pourquoi un tel sentiment d'impunité, en particulier chez les mineurs? elle est à mon sens due à la démission des parents (qui a vu ou entendu des parents de jeunes émeutiers s'élever contre leur violence?), de la justice (ouh la la! les juges du Tribunal de Bobigny et le CSM vont encore dire qu'on attaque l'indépendance de la Justice), de l'Education Nationale (et attention, pas des profs pris individuellement, qui sont, eux, au front, mais sans soutien aucun quand il s'agit de punir, voire d'exclure). Un petit mot au passage sur le rôle de la presse qui, sous prétexte d'une couverture neutre du phénomène, met sur le même plan les forces de l'ordre et les émeutiers et toute action violente contre les biens et les personnes comme l'expression quasi-légitime d'un mal-être social
- on sous-estime la dimension raciale du problème, et en particulier la place des jeunes Africains de la dernière génération d'arrivants, qui ont le moins de repère et vivent dans une crise de l'autorité parentale et éducative permanente. Et s'il y a problème ethnique, il peut y avoir solution ethnique, c'est -à-dire de la discrimination positive ou des relais communautaires.
- il faut arrêter avec la condamnation du tout-répressif qui serait imposée par Sarkozy, même si c'est politiquement correct : tout d'abord, c'est faux, de grands programmes de rénovation urbaine sont engagés, les mairies continuent à "faire du social" ; ensuite, les émeutiers ont brûlé des gymnases, des crêches, des bus...
Mais rassurons-nous, le problème des banlieues, sous cette forme en tout cas, finira par se tasser, de lui-même d'ici quelques années, par un repli communautaire et un abandon du reste de la France...