Pourquoi y croire - la suite

Publié le par Antonin Prade

François Bayrou à Caen le 1er mars 2007. | AFP/MYCHELE DANIAUJ'écrivais la semaine dernière que François Bayrou était en train de bouleverser l'échiquier politique français. Selon les conceptions des grands mouvements de l'Histoire, François Bayrou est soit le catalyseur d'une évolution inéluctable, soit l'un de ces grands hommes dont la vision transforme le destin des nations. Connaissant la modestie du bonhomme, j'imagine qu'il adhère à la première thèse.
 
Quoiqu'il en soit, et quel que soit le résultat final de l'élection présidentielle de 2007, François Bayrou a déjà gagné. Il a gagné en s'imposant comme présidentiable sans être issu d'une des deux grandes écuries politiques ; il a gagné en imaginant et crédibilisant une candidature anti-système qui soit refondatrice et non extremiste ; il a gagné en forçant les deux autres partis de gouvernement, et surtout le PS, à réexaminer leur identité politique, leur conception de la démocratie représentative et la cohérence de leurs programmes (la partie de ping-pong de l'alternance automatique est désormais finie). Il a enfin gagné en prouvant qu'on pouvait être perçu comme sincère, honnête et populaire tout en tenant un discours réformateur et ambitieux, complexe parfois, sans promesses qu'on ne saurait tenir.
 
On sent, à la fébrilité de nos adversaires, que Bayrou n'est pas comparable à l'épiphénomène Chevenement de 2002 : il en restera quelque chose après 2007. Qu'il soit 3ème homme, finaliste face à Nicolas Sarkozy, ou grand vainqueur, un grand mouvement de rénovation, moderne et humaniste, naîtra de l'élection de 2007. Ce grand parti occupera le vide politique que le PS, dans son absurde entêtement dogmatique, n'a jamais voulu occuper, celui de la 2ème gauche et de la social-démocratie européenne. Il occupera également le créneau que les ex-gaullistes ont toujours méprisé, celui des libéraux européens, héritiers des fondateurs de l'Europe. Ce sera la coalition des gens raisonnables, honnêtes et responsables, pour qui l'intérêt général surpasse les intérêts des corporations, des clientèles et des communautés.
 
Comme aucun mouvement d'une telle ampleur ne peut s'opérer dans la fluidité ni la facilité, on entends ça et là des objections variées, telles que la promesse de l'avènement d'une 4ème République ingouvernable en cas de victoire de Bayrou, avec comme seule opposition les extrêmes. Jusqu'à preuve du contraire, Bayrou n'ayant jamais parlé d'une coalition avec tous les partis républicains, mais entre des hommes, la pluralité partisane et la perspective d'alternance ne sont pas menacées. De l'autre côté, cf Laurent Joffrin dans Libération, Bayrou est soit de droite, et donc infréquentable, soit de gauche, s'il veut bien faire allégeance aux postures, symboles et thèmes traditionnels de la gauche socialiste. Ben voyons...Ces gens-là ont tellement fait leur fonds de commerce d'une gauche sclérosée accroché à ses icones et refusant le monde que la réinvention d'un réformisme progressiste et humaniste, efficace et équitable, n'est pas concevable dans leur logiciel. Trop tard, l'Histoire ne repassera pas les plats...
 
Dans cette perspective historique, j'appelai la semaine dernière à la redénomination de l'UDF en Parti Démocrate, qui occuperait le vaste espace politique libéré par des partis engoncés dans leur sclérose. François Bayrou a depuis parlé d'un "grand parti démocrate" qu'il créerait s'il était élu après la présidentielle, tandis que le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, Hervé Morin, a confirmé que le parti centriste devrait "changer de nom" en cas de victoire de François Bayrou à l'élection présidentielle (...) et devenir, pourquoi pas, le Parti démocrate".
 
On va dire que les grands esprits se rencontrent :-)

Publié dans Politique

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M
Il est clair que la création d'un nouveau parti fait du bruit, d'autant plus que nous nous trouvons dans le contexte actuel des choses. Aussi, la publicité pour le nouveau "Parti Démocrate" déjà assimilé par tous comme le "PD" est faite. Autant le dire, elle est désastreuse sur le terrain ! Quelle légitimité pour un parti dont les initiales portent à confusion et dont le nom à consonnance américaine ne convainc pas ? Bien-sûre très peu ! Je suis Bayrouiste et je me bat tous les jours pour me faire considérer en tant que "chrétien-démocrate" ; alors qu'avec 18.3% on commençait à me prendre au sérieux, quelle mauvaise surprise ! Je propose "Plate-Forme Démocrate". Ca fait "PFD", sans le mot "Parti" ce nom est rassembleur et porte une légitimité politique cohérente par rapport à la vision que monsieur Bayrou se fait de la politique qu'il voit comme une suite de débats constructifs à la suite desquels ont se rassemble pour gouverner. "Plate-forme" sa rassemble, sa porte l'idée que l'on peut s'entendre sur un espace de paix politique, exactement le message que l'on veut faire passer.
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C
Le Parti Democrate !<br /> C'est Laurent Gerra sur RTL dans le Grand Juron du 25/04 qui en parle le mieux, et c'est trés drole :<br /> http://www.rtl.fr/player/Audio.asp?playerid=P_504270&mediaid=530181&dicid=504272
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S
Et pourquoi pas, DD : Démocrates pour Demain, ce qui n'exclut pas Développement Durable...
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F
d'accord avec Laurent, mais Parti Démocrate Français fait un peu fichier PDF ;-)<br /> Et puis moi qui est une cousine aux States, leurs Démocrates et leurs Républicains s'affrontent comme nos UMPS !<br /> Réflexion faite, nous sommes des démocrates qui désiront rétablir la République Dans sa splendeur : pourquoi pas les Français Démocrates Républicains ? (ou les Républicains démocrates français....) le premier me plait beaucoup car cela donne "FéDéRé" en langage SMS !<br />  
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T
Tiens, Antonin, pour une fois que je ne tape pas sur ton candidat ;-)http://www.toreador.fr/2007/02/26/ole-n%c2%b035-pourquoi-bayrou-peut-gagner/
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